N’est-il pas bon, parfois, de se replonger dans le passé et de revivre certaines technologies avec un peu plus de douceur, en s’affranchissant de tout aspect marketing, excluant même toute course à la performance ? C’est souvent l’objectif des articles d’alarme, de vidéosurveillance ou de cybersécurité que je rédige depuis les débuts du blog en 2013, surtout lorsque l’on s’aventure dans les différents domaines du vintage… D’ailleurs, et à mon grand regret, je suis bien le seul à réaliser ce type d’article en France, là où, du côté de l’outre-Atlantique, nombreux sont ceux qui prennent plaisir à débattre avec passion et technicité de tous ces produits ayant contribué à l’essor de la sécurité électronique.

Nous sommes en 1971 et, rappelons-le, même si l’électronique est de plus en plus présente, nous sommes encore très loin des années 80, où une généralisation massive de l’électronique a pu être observée avec l’avènement des microprocesseurs, permettant d’apporter des logiques bien plus poussées dans de nombreux domaines dont les alarmes. À cette époque, le mythique Intel 8086, s’appuyant sur une architecture x86, était au coude-à-coude avec le Motorola 68000 équipant les Apple… Hélas, il n’était pas encore au programme à l’époque, d’équiper les systèmes d’alarme de ce type d’architecture, qui restaient plutôt sur le principe des portes logiques en s’appuyant sur des circuits intégrés de base, (CD4093BE et CD4001BE pour la Série de 1986 pour l’alarme Sériée présentée dans un précédent article.).
Vintage : Découverte de l’alarme « Electralarm » de 1972 | Présentation de cette alarme autonome sur piles

J’ai pu récupérer cette Alarme ElectraAlarm en état concours, avec l’ensemble de ses accessoires, dont la bobine de fil polyamide d’époque, les différents détecteurs, les batteries 6 volts Wonder qui n’avaient même pas gonflées, ainsi que toute la documentation au complet. Seuls le « tapis de contact » et le « Multipiège à feu » n’étaient pas présents, sûrement non validés à l’époque pour ce dernier en raison de son côté quelque peu sulfureux, générant des explosions semblables à des coups de fusil ! L’ensemble n’a jamais été utilisé et aura été conservé précieusement en l’état, permettant, pour une alarme de 50 ans, de présenter un état concours vraiment très appréciable. Téléchargement de la brochure piège à feu.

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Cette ElectraAlarm est l’évolution de la gamme TKS Standard, intégrant enfin une logique électronique (très sommaire) permettant d’intégrer le « blocage sirène », cher aux systèmes d’alarme, lui permettant de se rapprocher d’un véritable dispositif de sécurité. Pour les néophytes, il s’agit d’un déclenchement de la sirène non pas par l’envoi d’une alimentation en 6 ou 12 volts (l’alimentation devient permanente), mais par un troisième fil véhiculant un + de blocage qui, en cas de disparition, déclenche la sirène (relais de maintien (non temporisé !) dans le cas de notre TKS Électronique).
Notons que, sur l’ancienne génération ElectraAlarm, la tension sirène parcourait la boucle de détection, ce qui laissait évidemment une vulnérabilité de taille, subissant des chutes de tension ou des risques de neutralisation, puisqu’il suffisait de couper la boucle du contact pour arrêter la sirène… Si l’on observe en détail les différentes instructions de montage, j’espère que peu d’installateurs posaient ce type de système d’alarme… En effet, les schémas de base, visibles en photos, se montrent particulièrement rudimentaires, à base de punaises, d’hameçons et de fil nylon, un système certes efficace, mais qui devait générer un nombre incroyable de faux positifs… Finalement, la modernité a du bon quand même !
Vintage : Découverte de l’alarme « Electralarm » de 1972 | Analyse d’une l’électronique particulièrement rudimentaire !

L’étude de l’électronique de cette alarme permet de comprendre, pour un néophyte, les fondamentaux de l’électronique de par sa simplicité de fonctionnement. Pour le cas de l’Electralarm TKS Électronique, toute l’électronique repose sur deux transistors permettant d’assurer une logique pour la phase d’armement et de désarmement, laissant ou non passer le courant dans le relais pilotant le fameux klaxon (avertisseur sonore avec une modulation si particulière), typique de cette Electra et qui rappellera de bons souvenirs à ceux ayant travaillé en industrie. Lors de notre test de la série C-SA-04 de 1986, nous avions épilogué sur les différentes logiques liées au circuit intégré apportant plusieurs fonctionnalités se rapprochant pleinement des systèmes d’alarme que nous connaissons aujourd’hui.

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Dans le cas de l’Electralarme, le fonctionnement est plus lié à la méthodologie d’installation et à son intelligence de déploiement, plutôt qu’au produit en lui-même, véritablement sommaire, même pour l’époque… L’ensemble des composants électroniques, se comptant tout juste sur les doigts d’une main, est bien sûr de type traversant sur un circuit bakélite à la finition vraiment mauvaise ! Les soudures faites à la main ne sont pas du tout exemptes d’une belle qualité de finition, je pense qu’à l’époque, le technicien en charge des soudures était sans doute pressé d’aller déjeuner… L’odeur caractéristique de l’électronique nous plonge véritablement dans le passé, un vrai petit plaisir. L’inventaire des composants montre que la partie commande s’appuie sur un relais Varley capable de commuter quelques ampères, indispensable pour notre klaxon. Le reste se base sur des composants électroniques de base, tels que des transistors, trois condensateurs associés à diverses résistances permettant d’apporter une modulation alternée à notre fameux « klaxon », évitant tout simplement un son continu tel qu’il était le cas sur les versions antérieures de l’électro-alarme… Dans les faits, cette ElectraAlarm est bruyante et véritablement désagréable, après avoir bien sûr pris le soin de remplacer les piles/batteries Wonder d’époque.
Vintage : Découverte de l’alarme « Electralarm » de 1972 | Découverte des accessoires de détection (tapis de contact, bouton poussoir, micro-switch…)

Les accessoires disponibles se raccordent directement sur l’un des trois borniers disponibles à la centrale à l’aide d’une prise de type « Mistral Triplite Legrand ». Même si, bien sûr, les tensions qui sont véhiculées ne sont que de l’ordre de 6 volts, le risque de confusion est assez grand ! Il est possible également de raccorder un bouton poussoir pouvant servir pour une alerte anti-agression, un tapis de contact étant utilisé pour la détection d’individus, ou encore de simples détecteurs micro-contacts assez universels pouvant être adaptés sur une ouverture de porte, une vitrine ou même pour la protection de la voiture.

…/Notice-utilisation-Electralarm-1972.pdf
L’ensemble des périphériques n’étant pas en NF (boucle normalement fermée), légion dans le domaine des alarmes), ils sont donc bien évidemment neutralisables en toute simplicité. À cette époque, les systèmes d’alarme s’installaient de manière réfléchie avec une certaine intelligence dans le but de ne pas pouvoir déjouer les dispositifs. Une époque différente de celle que nous connaissons, puisque, aujourd’hui, les équipements d’alarme sont auto-protégés contre le sabotage, les tentatives de neutralisation ou de brouillage, pour les éléments en radio. Ce bref article de blog nous aura permis de nous replonger plusieurs décennies en arrière avec beaucoup de plaisir, et non pas de la nostalgie, n’ayant pas connu cette époque, étant né en 1986… Electralarme est une marque qui a disparu du paysage français, probablement rachetée au fil des années, un peu à la manière de Sériee, ayant laissé une certaine empreinte. De nos jours, les fabricants français de systèmes de sécurité filaire se comptent sur les doigts d’une main….